Aborder le sujet de la Traite des Êtres Humains (TEH) c’est parler d’un phénomène transnational, difficile à identifier, donc difficile à contrer. Les réseaux sont internationaux et la lutte doit l’être elle aussi.
Missionnée par Expertise France, Com4Dev a accompagné les comités interministériels de lutte contre la TEH pour développer des stratégies et campagnes de sensibilisation (découvrez les leçons apprises de ce projet).
Avant de se lancer dans les ateliers stratégiques, il était essentiel d’observer ce qui se fait ailleurs, dans d’autres contextes, sur d’autres continents. Les résultats ont été si riches qu’il nous a semblé important de les partager ici.

 

En Colombie, tous les citoyens impliqués dans la lutte

 

Notre attention a été retenue par l’ampleur des campagnes réalisées en Colombie. Une première campagne « On te raconte des histoires » visant à sensibiliser les victimes sur les méthodes utilisées par les recruteurs a été menée jusqu’en 2020. Les moyens mis en œuvre étaient massifs :

  • Un site de campagne avec ensemble d’information disponible pour prévenir les situations de TEH, du contenu régulier diffusé sur les réseaux sociaux, des spot TV et de l’affichage.
  • Une ligne d’urgence disponible 24/7.
  • Un service ministériel de lutte contre la traite de plus de 50 personnes.

Des leçons ont été tirées de cette première campagne et une seconde, « 0 complicité avec la traite », a été lancée à partir de 2020. Cette dernière cherche dans un premier temps à informer les citoyens sur le phénomène. Avant de vouloir sensibiliser et changer un comportement, il faut informer.
Autre leçon tirée : viser uniquement les potentielles victimes avec des messages de prévention est peu efficace. Dans cette seconde campagne, tous les citoyens sont impliqués à travers le message « si tu ne dénonces pas, tu es complice ».

 

 

Les voix turques des victimes

 

Un des apprentissages de la campagne turque est l’utilisation de témoignages forts tout en assurant l’anonymisation des personnes. Afin de donner de l’impact aux témoignages, la campagne a sollicité une personnalité turque connue du grand public pour transmettre les histoires de femmes victimes sous forme de courtes vidéos. En prêtant sa voix, la victime ne s’expose pas et la notoriété de la personne choisie donne de la crédibilité au discours et capte l’attention.

 

 

Approche éducative aux États-Unis

 

Aux États-Unis, la Blue Campaign lutte contre la TEH dans les sphères professionnelles. Pour cela, de nombreuses formations de préventions sont développées pour aider les professionnels à détecter, puis à dénoncer des cas de traite. Côté grand public, l’observation est la même qu’en Colombie, pour pouvoir lutter contre un phénomène, il faut d’abord pouvoir l’identifier, la première étape est donc d’informer le public sur ce qu’est la TEH.

 

 

 

 

Un bus suisse contre la traite

 

Focalisée elle aussi sur la mission d’informer le public dans un premier temps, une campagne lancée par une fondation suisse en partenariat avec l’OIM informe sur la TEH en itinérance dans le pays. Avec leur bus de campagne, ils voyagent de ville en ville pour parler du phénomène avec les citoyens directement dans la rue. Afin d’impliquer les pouvoirs publics, à chaque arrêt, des employés municipaux des services sociaux ou de la police sont impliqués dans les actions de sensibilisation, une technique d’appropriation efficace !

 

Blue Heart Campaign, une dynamique internationale

 

La Blue Campaign états-unienne s’inscrit dans le mouvement mondial Blue Heart Campaign. À l’initiative de l’ONUDC, ce mouvement vise à donner une image à la lutte contre la TEH et à regrouper toute initiative existante sous une même bannière afin de donner un message percutant à l’échelle internationale.

 

 

Sororité contre la traite : le groupe de travail du MIST

 

Le MIST (Mission d’intervention et de sensibilisation contre la traite des êtres humains) est une association française composée notamment d’un groupe de femmes nigérianes, anciennes victimes de traite. Ces femmes s’interrogent sur la manière de sensibiliser les potentielles victimes. Elles ont observé qu’au Nigeria, montrer des images choc ne suffit pas, chacune pense avoir plus de chance que les autres. Elles observent aussi qu’il est difficile de faire face aux Success Stories de celles qui ont réussi en Europe et des « Madames » qui recrutent dans des hôtels luxueux au Nigeria.

 

 

Pour plus d’informations sur ces initiatives, téléchargez ci-dessous le Benchmarking International sur la lutte contre la TEH réalisé par Com4Dev.

 


Crédits Photos : Gobierno de Colombia, MIST, Gouvernement de Turquie – Direction de la gestion des migrations, Police cantonale valaisanne, U.S. Department of Homeland Security.