“Ne doutez jamais du fait qu’un petit nombre de citoyens réfléchis et engagés puisse changer le monde. En effet, c’est de la seule façon que ça l’a toujours été”

Margaret Mead, anthropologue.

Les objectifs de changement

Dans le cas des organisations de solidarité, le préalable est de bien définir la “cause”. C’est définir le changement visé pour passer d’une situation non-satisfaisante à une situation voulue (objectif de changement). Il ne s’agit pas d’avoir des objectifs de changement irréalisables si on cherche un résultat concret. Pour “mettre fin à la faim dans le monde”, plusieurs générations ne suffiront pas, il vaut mieux être modeste et efficace et viser “des lois qui sanctionnent la déforestation”, “un accroissement des budgets municipaux pour des actions de solidarité”, “un code de la famille plus équitable pour les femmes avec des propositions concrètes d’articles”, “l’ouverture d’un centre de santé pour les enfants”, etc…..bref des objectifs concrets (on dit “SMART” (Spécifiques, Mesurables, Accessibles et réalistes dans le Temps) dans les projets.

Qu’est-ce que le plaidoyer pour les organisations de solidarité ?

Définition du Droit : exposé verbal des prétentions et arguments d’une partie devant un tribunal

Définition politique : défense d’une cause, d’une politique ou d’un groupe de personnes

Dans les 2 cas, le plaidoyer est mené par un “plaidoyeur”, avocat ou leader politique, qui doit :

  • Faire valoir son point de vue. Cela implique d’élaborer un discours (Pour qui ? Quels arguments ? Quels éléments de langage) puis de diffuser ce discours (Auprès de qui ? Comment ?) et de se faire entendre (De qui ? A quel moment ?)
  • Convaincre son public (jurés, parlementaires, grand public, décideurs…) par un discours argumenté implique de bien étudier son public ou ses publics : En quoi est-il favorable ou défavorable ? Quelles sont ses réticences ? Sur quoi porte les oppositions ?. Puis de trouver les arguments pour convaincre. Dans les cibles, on distingue les cibles directes et les cibles indirectes. Les secondes influences les premières. Il peut s’agit des médias, des blogueurs, des leaders religieux, les électeurs, etc.

Réseaux Sociaux - MaghrebDénoncer des situations ne suffit pas, il faut soulever les objections et trouver les cordes sensibles qui vont permettre la 3ème étape :

  • Faire adhérer à sa cause. A condition que les réticences et les oppositions des cibles sont démontées (démonstration de leur non-fondement), les avantages de la cause l’emportent alors sur les désavantages. Finalement,  les cibles pensent que la cause est juste et la font leur.

Les outils du plaidoyer pour les organisations de solidarité ?

Il est courant de confondre stratégie de plaidoyer et stratégie de communication. Pourtant, dans le cas, la communication, n’est qu’un des aspects du plaidoyer. Ce dernier repose sur 4 piliers :

L’expertise. Elle permet de fournir des preuves, de construire un argumentaire (quels messages adaptés à chaque cible ?) et de conférer légitimité et crédibilité. C’est par exemple, le rapport de Transparency international, des études de l’ADEME sur le gaspillage alimentaire, l’analyse des impacts dans un projet de développement. Avoir des arguments scientifiques, chiffrés si possible, permet de passer de l’incantation (“ll faut arrêter de gaspiller les aliments”) à des faits qui font réfléchir (“en France, on gaspille”).

Le lobbying. C’est la relation directe avec les décideurs. Cet anglicisme, signifie “couloir de vestibule”, une image pour apparenter cet exercice à une relation la plus directe possible avec les décideurs.  L’objectif est de convaincre directement les décideurs afin d’influence par exemple les résultats d’une négociation. Ce n’est pas pour rien que certains groupes de pression ont pignon sur rue à Bruxelles quand il s’agit d’influencer directement les parlementaires européens. la proximité de ces groupes et de leurs cibles, leur permet aussi d’obtenir des informations pour affiner leur stratégie globale de plaidoyer. A l’échelle des représentant(e)s des ONG par exemple, il est souvent important de ne pas négliger tous les événements institutionnels qui sont dans son champs d’action. On en connaît même qui s’arrangent pour prendre le même train que les personnes qu’ils veulent influencer pour discuter de manière informelle…

Les médias et la communication : un levier indispensable pour faire passer ses messages et ses arguments. A condition d’utiliser les outils les plus pertinents en fonction de ses cibles. On ne s’adresse pas aux décideurs avec les mêmes outils que ceux qui sont utilisés pour les bénéficiaires et on vise les médias qui lisent/écoutent/regardent.

La mobilisation du public est un autre levier d’action. De la manif, à l’occupation de locaux en passant par les actions de sensibilisation, les moyens ne manquent pas quand il s’agit de se faire entendre. Après tout, le public est aussi électeur, aucun décideur n’a intérêt à le négliger. Même un dictateur peut plier devant la mobilisation des foules ou de petits groupes influents. L’histoire regorge d’exemples.

Dans une action de plaidoyer, on ne néglige aucun levier : tous s’intègrent dans la stratégie. C’est leur combinaison qui en fait l’efficacité.