Beaucoup se délectent d’énigmes ou de problèmes de math. Aborder une exposition scientifique relève aussi d’un même jeu d’esprit. C’est un peu de tout cela : de la jonglerie, des recettes et surtout des histoires à raconter. Oui, mais laquelle, au départ de qui et quoi ?
Volet 1
Définition des concepts
A fond dans leur sujet, vous verrez certains chercheurs insister pour transmettre un détail qui leur paraît comme primordial alors que vous l’avez relégué en arrière-plan ou même retiré. Le but n’est-il pas pourtant de transmettre, donc de se faire comprendre au mieux par tous ? Que ce voyage dans le savoir reste un plaisir ? Il le sera si vous y en avez déjà trouvé lors de la conception-réalisation ! Le traduire graphiquement, n’est parfois pas une mince affaire mais c’est souvent un parcours enrichissant ou jouissif. A vous de vous y lancer !
“Proposer un survol jusqu’à pouvoir pénétrer au cœur de l’information […]”
1/ Quel support utiliser ?
Si certains arrivent à passer des heures à jouer sur leur minuscule écran de smartphones, les expositions nous transportent dans une autre dimension spatio-temporelle. La composition d’une exposition en posters sous forme structurée du message reste un support intéressant pour partager seul ou à plusieurs l’information transmise. Une exposition peut-être donc conçue avec en principal des posters puis exploitée et enrichie par les moyens électroniques. Tout ne peut pas être dit ou raconté sur des posters. L’ajout d’animations, d’iconographie plus importante, de renvois sur des écrits, articles, rapports, complète le discours de ces posters qui doivent rester simples et accessibles.
Pour qu’une exposition soit bien perçue, elle doit être ressentie par le public comme une promenade enrichissante dans un univers parfois inconnu. Il faut l’emmener à découvrir et s’intéresser. D’où l’aspect structuré dans laquelle il faudra jongler avec le texte écrit et l’image statique. Le tout le plus simplement possible, le plus lisiblement possible. Proposer un survol jusqu’à pouvoir pénétrer au cœur de l’information est un gage de réussite.
Ainsi, plusieurs critères d’attention seront proposés plus loin afin de rendre le discours le plus fluide possible. La différence avec les « posters scientifiques de chercheurs » ? Ces derniers sont souvent très (trop) denses, parlent à des homologues ou a un public averti, généralement dans des colloques et rencontres spécifiques. Pour nous, à la conception d’une exposition de vulgarisation scientifique ou d’un autre sujet complexe, il s’agit de toucher le « public » soit un plus grand nombre de personnes dans un cadre ouvert, un lieu justement public.
2/ Du souffle
Autre donnée : l’ampleur. Une « expo scientifique » peut être concise en peu de posters ou être grandiloquente s’étalant sur des mètres et des mètres carrés. Elle peut être modeste et pratique en vue de sa diffusion ou elle peut envahir tout un espace, notamment par les enrichissements locaux (à voir plus loin). Apporter une structure, une histoire, une respiration est essentiel.
Penchez pour un principe « ludique informatif » plus que vers un parcours du combattant par trop de densité avec un texte compliqué. C’est un peu comme autour d’une bonne table : il y a le temps du manger (voire de la dégustation) et aussi des phases de détentes, respirations qui concourent au bon échange et à la réussite du repas… comme du temps passé face à ces posters.
“Apporter une structure, une histoire, une respiration est essentiel.”
“La plupart des réalisations sont pour « tout public »”
3/ Une histoire
La perception de l’information varie avec l’âge, les cultures, les affinités et compétences personnelles. Une exposition scientifique tendra vers le meilleur sans pour autant prétendre à captiver tous les lecteurs de toutes compétences et ce de bout en bout. Il s’agira alors de définir et choisir à qui on s’adresse et comment ? La plupart des réalisations sont pour « tout public » aussi, la construction du discours du début à la fin de l’exposition relève bien d’une histoire à raconter où chacun individuellement ou en groupe piochera avec plus ou moins de temps et d’intensité les éléments du discours.
Un langage approprié sera de mise : ni trop scientifique, ni trop vulgarisé, dans le sens bêtifiant qui ne correspond ni aux auteurs, ni aux publics qui méritent respect. La combinaison de l’écrit et de l’image permet sur un seul support ces discours de différents niveaux rédactionnels ou d’informations pour petits et grands. Certains ne feront qu’un rapide survol. D’autres seront surpris, voire captivés par ce que vous leur transmettez. Bingo, votre message passe !
4/ Une hiérarchie
Comme sur tout support graphique l’œil parcourt et décrypte le document qui lui est proposé. Chacun à sa manière mais le plus souvent selon une habitude culturelle. Alors, allons-y et évoquons quelques « repères » telle que la lecture de gauche à droite (occidentale), l’inverse (arabe), voire aussi verticale (asiatique), qu’il s’agisse d’une page écran d’ordinateur, d’une page de magazine, d’une publicité, d’un article de journal, etc. Ne sont évoqués ici que les documents statiques qu’aucune animation dynamique ne vient perturber.
Dans la culture occidentale, l’œil a tendance à parcourir tout document d’en haut à gauche vers le bas à droite. C’est le tribut de nos aïeux ou une habitude issue de la tradition picturale : dans les tableaux, la « lumière » était bien souvent placée en haut à gauche. Cependant, toute exception est valable et la mise en page peut forcer l’accroche du regard partout ailleurs que par ce point initial culturel. Ouf, cela nous ouvre le champ des possibles.
5/ Je lis, tu lis
En plus des documents courants (livres, magazines, etc.) qui sont vus proches de soi, les posters eux, ajoutent une composante de distance à la lecture, précisément par leur grand format et la faculté de les voir de loin avant une seconde lecture faite plus proche du support. Pourtant, l’exercice de lecture par le parcours du regard reste le même, d’où une hiérarchie de l’information par la composition du poster et par sa conception graphique, soit sa mise en page.
Comment faire sinon travailler cette hiérarchie dès en amont avec le manuscrit qui lui, ordonne déjà des niveaux de lecture du plus large au plus précis ? C’est presque comme de la cuisine où l’on prépare une recette avec des ingrédients de quantité ou d’importance variable. Un goût une saveur prédomine avec tous les autres composants. Puis, à table, on rythme le repas par différentes étapes. C’est ainsi qu’on peut organiser le discours par des chapitres et rubriques, des titres (parfois même par des surtitres ou sous-titres), des introductions (appelés aussi « chapeaux « ou « chapôs » dans la presse), un texte principal, des textes secondaires qui peuvent êtres des développés supplémentaires, des explications, des encadrés, des notes, etc. Ce sont là tous des ingrédients de la recette, de votre réalisation.
6/ Et l’image ?
Il en va de même pour l’iconographie : les images (photos, dessins, schémas, nuages de mots, etc.) où l’on peut évoquer un thème du général au particulier, de la vue d’ensemble au détail. Et pour rejoindre la hiérarchie de lecture afférente au texte, l’importance des légendes associées a tout son rôle pour la compréhension de l’iconographie et donc du poster dans son entier. Par ricochet, de l’expo toute entière. A noter que les légendes peuvent être succinctes ou riches, redondantes ou complémentaires du texte. C’est là un moyen de transmission ou de répartition de l’information.
Chacun pioche parfois en aléatoire selon le degré de captation que vous aurez composé. Autour d’un plat nos papilles sont plus ou moins sensibles à telle saveur. Cependant, une dominante peut s’imposer au goût de toutes et tous. Par habitude, par reconnaissance générale ou culturelle.
“la mise en page a son rôle pour appuyer le sens et la perception de l’information”
7/ Le parcours du regard
Pareil pour le regard qui saute d’éléments en éléments que la mise en page influence. Il est coutume de dire que dans nos sociétés de « l’écrit » qui prédomine à la transmission orale, le regard se pose d’abord sur les images – même statiques – puis sur le texte. Plus finement, ce serait sur l’image et la ou les légendes associées ; puis les titres et chapôs ; suit le rédactionnel à l’aide d’appels visuels que sont les lettrines, les intertitres ou des « sorties de texte » mis en exergue avant d’atteindre le texte principal dont la mise en évidence peut-être plus ou moins forte (taille des caractères, graisse, couleur), et enfin, poursuivre sur le dernier niveau de lecture que sont les textes complémentaires : les encadrés, notes par exemple. Tout un parcours !
C’est là que la mise en page a son rôle pour appuyer le sens et la perception de l’information. Elle permet d’améliorer le confort visuel et la compréhension. A l’inverse, il arrive parfois de l’empirer voire de la contredire ! On ne réussit pas toujours son plat au top niveau, mais on peut garantir un minimum de réussite et donc de plaisir. Un poster comme une recette, ça se travaille ! Faites-en donc une belle image où le regard se promène et se pose à loisir.
8/ L’œil photographie
On vient de parcourir les ingrédients ou contraintes rédactionnelles et iconographiques que sa propre perception anime. Chacun fait son propre parcours du regard sur un poster mais influencé par sa culture et la mise en page. Ainsi, « l’œil photographie » des plages distinctes quelles soient qu’image, que texte ou leurs combinaisons.
Il faut donc faciliter ce parcours du regard photographique en augmentant pour les textes courants la compréhension par l’aide de la ponctuation et des césures en bout de ligne : elles permettent d’organiser au mieux l’information « photographiée » par paquets. Ainsi, pour les textes en français il vaut mieux éviter d’avoir des prépositions et articles en bout de ligne : renvoyez-les à la ligne suivante pour qu’ils soient proches du sujet ou du contexte auxquels ils appartiennent. L’œil visualise le groupe de mots ou même toute la ligne selon la longueur de ligne. La compréhension en est d’autant facilitée et la lecture plus fluide.
9/ Justification ou pas
D’où la vigilance à apporter à cette longueur de ligne combinée à la « justification » : une ligne très courte se visualise rapidement mais demande un effort à soutenir pour lire un texte long. Par contre, une ligne longue sera certainement photographiée en plusieurs fois. Une contrainte qui se double par une plus grande difficulté à redémarrer sur la ligne suivante.
Varier les longueurs est une singularité que manie la presse quotidienne et les magazines pour articuler le regard et la dynamique de lecture. Il en est de même pour les posters : des titres doivent êtres dynamiques donc courts et non pas longs comme un intitulé de thèse. Le chapô, lui peut être sur l’une ou l’autre longueur pour se distinguer ou structurer la suite. Le texte courant ? A vous de choisir connaissant le principe de perception dont on vient de parler.
D’autant plus que s’y mêle la « justification ». Terme issu des typographes qui calaient les caractères en une ligne dans un composteur. Celui-ci déterminait la longueur des lignes mais aussi la manière de les terminer : toutes alignées ou en fin de lignes aléatoires selon leur longueur. C’est le second sens de la justification. Un texte avec alignement de part et d’autre se dit « justifié » ; celui que d’un des deux côtés est appelé « en drapeau » appuyé au fer à gauche, ou au fer à droite. Lequel fer était le cadre – dit la forme – qui rassemblait les compositions.
10/ Césures et interlignes
Ce mode de justification entraine une attention supplémentaire : celle des césures de mots et la gestion des bouts de lignes. Pour un gain de place et du meilleur « gris optique » (l’aspect visuel d’une composition), les textes justifiés permettent plus facilement des césures de mots en bout de ligne, alors qu’il est fortement déconseillé d’en faire sur des textes en drapeau pour des raisons de facilité de lecture / compréhension… que l’œil photographie, justement !
Entre les lignes et les mots une histoire se passe aussi. C’est la particularité de l’interlignage qui joue dans ce rôle de perception. Par l’usage des hauteurs d’interlignes comme une variable vous pouvez volontairement accentuer le sens de légèreté ou de gravité. Car ce sempiternel œil photographique visualise à distance puis de manière proche des paquets d’informations que sont les paragraphes, groupes de lignes et de mots jusqu’aux lettres qui les constituent.
“Entre les lignes et les mots une histoire se passe aussi.”
“Ces deux outils graphiques modèlent donc l’information […]”
11/ Inter-lettrage et gouttières
Dans la même famille, l’inter-lettrage conditionné par la justification permet de glisser de l’air entre chaque caractère en équilibre avec les « espaces » qui sont eux entre les mots. Or la gestion de ces espaces dans des lignes courtes que l’on veut justifier devient extrêmement disparate d’une ligne à l’autre. De plus, la mauvaise combinaison de courtes lignes justifiées sans césures engendre des vagues de blancs d’une ligne à l’autre : des « gouttières » qui perturbent la lecture et le gris optique.
Pour un équilibre visuel meilleur il faut autant que possible retravailler les inter-lettrages. Ces deux outils graphiques modèlent donc l’information qui peut-être rendue dense ou aérée, fluide ou qui demandent un effort supplémentaire de lecture. Comment réagir face à un texte trop dense ? « Vous reprendrez-bien encore de ce plat ? » pourrait-on dire à table alors que vous êtes déjà rassasié et que d’avoir ingéré tout ce qui précède est déjà un exploit, sinon de la politesse. Ne saoulez donc pas vos lecteurs.
12/ Remplir une cantine ?
Passé ce survol d’attentions de conception il ne faut pas oublier ce qui pourrait faire office de dessert : l’usage et la destination des expos. Bien beau d’avoir concocté cette recette, il faut qu’elle puisse voyager et s’offrir à d’autres regards dans des lieux bien différents qu’ils soient en intérieur ou mieux, aussi en extérieur et parfois bien loin de votre lieu d’origine.
La contrainte principale des posters est leur volume bien qu’ils soient couramment imprimés sur des supports souples : des bâches de différents matériaux et grammages qui correspondent à des usages et des qualités différentes tant dans le rendu que pour leur durée. Dès leur conception il faut penser aussi aux multiples renforts et façons d’accrocher des posters : mural, sur structure, suspendus, tendus, enveloppants, etc.
Pour voyager, tous doivent tenir dans un contenant qui va du plus simple comme une cantine métallique, des caisses en bois spéciales, au « top quality » que sont les « flight-cases ». Ces dernières, si elles sont onéreuses, apportent une grande sécurité de transport et de protection du contenu. Elles sont de plus en plus demandées par les transporteurs ou transitaires au vu des frais d’assurance et de responsabilité du matériel itinérant.
Ce contenant doit être pensé pour de multiples manipulations parfois (très) sommaires. Ils vont de transports en tout genre de l’avion au pick-up en brousse ; aux installations minutieuses pour ceux qui en ont les moyens ou le plus souvent débrouillées « comme on peut » sur place.
“La contrainte principale des posters est leur volume”
13/ Penser itinérance
Et encore, le contenant doit être adapté au volume initial de l’expo. Soit, les posters, l’inventaire sous forme de fiche, voire même d’un livret d’accompagnement de quelques pages (ou sur clé USB, CD, DVD…), plus de leurs éventuels petits enrichissements d’origine : quelques exemples de publications associées (brochures, affichettes, flyers, échantillons… c’est selon).
Pour le meilleur accueil et promotions locales, glissez aussi les éléments qui permettent de faire des enrichissements, des traductions ou des adaptations partielles. Le CD d’accompagnement peut ainsi apporter les fichiers PDFs des posters, les textes bruts (= sans mise en page), de l’iconographie, etc. Ainsi, sur place vous verrez fleurir des affichettes, des invitations ou tous supports qui invitent à voir votre expo qui devient aussi la-leur ! Quoi de mieux que cette aide à l’appropriation locale pour sa meilleure diffusion ?
14/ Se dédouaner de pépins
Magnifique de viser une circulation internationale. Aussi et de plus, pour les voyages à l’étranger la perception (dans le sens visuel ou acté) des douanes importe. C’est la possibilité qui leur est donnée de vérifier le contenu et surtout que le contenant puisse être refermé sans dommage pour poursuivre son parcours. A noter que les séjours en douane peuvent être bien longs avec stockage dans des lieux souvent piteux. Là, vous vous réjouirez d’avoir un bon contact local ou d’avoir choisi un bon transitaire autour d’une expo faite et livrée avec du bon « matos ».
Bref, pour une durabilité ou faciliter la tâche des intervenants, il faut dès le début penser à une fabrication des posters et du contenant qui soit appropriée à l’envergure, la durée, les parcours. Imaginez votre dessert favori – qu’on vous a même commandé – flanqué par terre par ce que le plat s’est fendu puis brisé. Dommage pour vos efforts fournis comme pour les convives, non ?
“il faut dès le début penser à une fabrication des posters appropriée […]”
“Quelques posters parfois suffisent à une bonne transmission.”
15/ Combien de posters ?
Concevoir et réaliser une expo demande beaucoup de temps, des moyens et autant de finances à la hauteur du projet. Une bonne expo est une expo qui voyage et qui transmet bien. Pas forcément besoin qu’elle soit importante. Quelques posters parfois suffisent à une bonne transmission. Trop souvent les auteurs veulent en dire beaucoup et vous forcent à produire bon nombre de posters ou alors très denses, voire indigestes.
En référence aux voyages de l’expo, une dizaine jusqu’à une vingtaine de posters permettent déjà une très bonne construction du discours associé à des moments de pauses transitoires. Une fois montés, tous ces posters nécessitent un espace adéquat, du temps d’installation et un temps d’attention du public tout aussi important. Vous ne disposerez pas toujours d’espaces merveilleux où la déambulation peut être fluide pour en faciliter l’approche ou en procurer du plaisir.
Parfois, l’immense contenu impose de nombreux posters. Vous voilà donc en face d’un projet de grande ampleur qu’il faudra savoir gérer jusqu’aux espaces appropriés. Pas de panique, ça peut vous arriver et ça reste un vrai régal.
16/ Money !
Concevoir une expo de bout en bout, c’est à dire l’imaginer jusqu’aux installations possibles demande du coup du temps, donc des moyens qu’ils soient de compétences différentes en rédaction, iconographie, relations avec les fournisseurs, etc. et tout cela justement à un… coût.
En fait, vous allez au marché choisir des ingrédients qu’il faudra acheter puis les préparer et tout ce qui s’en suit. Ceci sans bourse délier. Le budget alloué vous rappellera vite à l’ordre et vous forcera certainement à des choix drastiques si vous vous êtes par trop emporté sur le projet. Restons modestes, c’est plus simple à gérer autant pour vous que pour le public. Encore plus important pour lui qui face à votre expo doit pouvoir l’appréhender.
“Restons modestes, c’est plus simple à gérer […]”
“Une expo c’est aussi de la politique.”
17/ Nuancer
A noter la liberté qu’il vous ait donné de prendre avec nuances ces principes et aussi de vous en échapper… pourvu qu’un bon argument graphique ou autre soit de mise. La liberté de penser se traduit aussi par la voie de la mise en page. Déroger à certaines règles est source d’inventions et de nouveautés bénéfiques. Encore faut-il que ces territoires nouveaux puissent être perçus ou compris par le public ? Une nuance devant « votre » public averti permet de s’affranchir de codes ou au contraire de les amplifier grandement. Tout dépend du sens et du rôle donné à vos posters, du mode de vision qu’il leur est donné. Une expo c’est aussi de la politique.
Le ton est ainsi donné : on trinque, on déguste, on dit que c’est trop ceci-cela qui fait que votre recette ne passe pas si bien. Pourtant vous transmettiez par ce média un message à tous vos invités. A eux de le digérer. Aidons-les donc. Le mieux : leur donner l’envie d’y revenir ou qu’ils en parlent autour d’eux.
18/ Un scénario
Pensez ou écrivez le scénario. Il influencera la rédaction, la mise en page, les technologies de réalisation. N’hésitez-pas à crayonner ou esquisser le projet. C’est la première étape de visualisation qui permet d’organiser le discours à divers niveaux de lecture. C’est aussi la première visualisation qui donne un style et permet à toute l’équipe de se reconnaître – ou non – dans le projet. Un crayonné permet parfois de le présenter à des partenaires ou à des bailleurs et d’obtenir des financements.
Cette étape légère où l’on passe du projet écrit à une première réalité est un moment de consensus. Il permet d’accorder tout le monde, de redéfinir des besoins techniques, des commandes d’images et d’une manière générale de se confronter au budget disponible afin de faire les meilleurs choix.
“Il permet d’accorder tout le monde […]”
“Définissez les rôles, leurs ampleurs, leurs durées et les attendus. […] Désignez une personne chef de projet.”
19/ Une équipe
Constat : concevoir et réaliser une exposition résulte d’un travail d’équipe. Il demande une diversité de savoirs, de compétences professionnelles précises. Interagissez avec tous les intervenants qui participent au projet dès en amont. Les avis combinés de vous-même avec des auteurs, des imageurs, des fabricants et même avec les destinataires singuliers concourront à sa réussite.
Définissez les rôles, leurs ampleurs, leurs durées et les attendus. Choisissez des technologies appropriées de la conception à l’exploitation. Désignez une personne chef de projet. Un rôle-clé qui permet avec diplomatie de résoudre des tensions et problèmes. Cette personne tient le tableau de bord et doit accepter de déléguer des tâches ou des dialogues techniques hors de ses compétences plus naturelles. Organisez des zones et périodes d’échanges. Pensez que vers la fin de la réalisation le temps s’accélère et se compresse. Il demande alors de la compréhension car les délais mettent tout le monde sous tension. Veillez qu’à cette période d’ultimes relectures et validations les personnes ressources dont vous aurez besoin soient disponibles.
20/ Au générique
Réaliser une exposition sur poster sollicite donc beaucoup de métiers ou compétences à moduler selon l’importance du projet et des moyens. Des femmes et des hommes qui interviennent pour :
- partie administrative : responsable du projet, budget, achats, diffusion, droits, assurances, etc. ;
- pour le texte/rédaction : auteurs, parfois en plusieurs langues avec traductions, relectures/corrections typographiques ;
- pour l’image : auteurs, illustrateurs, photographes, graphistes, photograveur (traitement technique des images fait en interne ou auprès de fournisseurs) ;
- pour la réalisation : graphiste (co-conception jusqu’à la réalisation des fichiers d’impression (pdf HD), imprimeur ;
- pour la diffusion : empaquetage, étiquetage, stockage, transporteur ou transitaire si besoin, voire un diffuseur ;
- pour l’installation : selon l’ampleur, les lieux et moyens mis à disposition. Les ajouts locaux en fonction de l’événement auquel contribue l’exposition tels que l’éclairage, les structures, les enrichissements et les animations (Ex. : personnes pour l’accueil, conférences, lectures, contes, animations, dégustations, etc.) ; en matériel : écrans, vidéos, sons, décorations, etc.
Denis Delebecque – Directeur artistique – C4D
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